1936. Dans le Finistère, une mère met au monde un bébé qu’on prévoyait mort-né. C’est une très belle petite fille qui sera, toute sa vie, à la fois proche et inaccessible. Les bombardements de Brest la fragilisent davantage. Elle pousse sans cesse des cris très difficiles à calmer. Le père est mutique, la mère fait l’impossible pour rendre la vie supportable. L’enfant grandit dans ce milieu âpre. À dix-neuf ans, elle est abusée sexuellement. Cette année, naît une petite soeur, Marie. Un amour fusionnel les lie à tout jamais. Marie Le Gall (Au bord des grèves, NB juin 2016) raconte, dans son troisième roman, le parcours de celle qu’elle appelle « la Soeur ». Elle traite de la folie, de la difficulté de communiquer, du poids du handicap dans une famille, des mensonges aussi pour cacher cette infirmité, de l’errance dans les différents hôpitaux où cette soeur a vécu jusqu’à sa mort ; mais aussi des tâtonnements de l’histoire médicale. Rien ne nous est épargné. Le lecteur est pris par cette tragédie qui conduit la narratrice à une dépression proche du suicide. Certains sujets ne sont qu’effleurés : subsistent des zones d’ombre que le dénouement éclairera. (C.M. et F.L.)
Mon étrange soeur
LE GALL Marie