Dans le bois voisin, le garçon construit une cabane ; un serpent sinue tranquillement, des oiseaux viennent boire l’eau où nagent des poissons rouges. Le lendemain, dans la cabane dont le cadre forme un écran, s’affiche un visage blanc-rouge-noir. C’est un singe, un très grand singe qui conteste la propriété de l’habitation. Un compromis est vite trouvé : apprends-moi à faire l’enfant – on devine le corollaire. Chacun acquiert facilement les fondamentaux de l’autre – mettre des chaussettes, porter une casquette, dire une poésie n’enthousiasme pas forcément le singe mais il y arrive bien. L’enfant adore sauter de branche en branche, parler aux koalas, aux paresseux, manger des fourmis au miel. Pourtant, le soir venu, le singe, avec un coeur gros comme ça apparu sur sa poitrine, raccompagne l’enfant jusqu’aux maisons. Le pinceau vigoureux de Laurent Corvaisier fait apparaître à larges coups brossés une nature rêvée dont les couleurs fortes s’opposent et se composent avec chaleur. Le texte court est discret et incite au rêve. (R.F.)
Mon frère des arbres
LÉVY Didier, CORVAISIER Laurent