Son papa est un grand pirate ! Il n’est pas souvent là, mais quand il revient, une fois par an, à la maison, c’est magique ; la voix fatiguée, il raconte, carte à l’appui, la mer et la flibuste : Le Tatoué, Cigarillo, Le Barbu etc. et leurs aventures. Mais un jour, il ne revient pas ; une lettre est arrivée à sa place. Commence alors, pour ce petit garçon de dix ans, un autre voyage.
Ce voyage, c’est celui qui fait sortir l’enfant narrateur de l’émerveillement de l’enfance. Il découvre la réalité : son père vient d’échapper à un éboulement dans la mine de charbon où il travaillait. Au-delà de la déception, il découvre le mensonge et les raisons de ce mensonge : l’estime remplace la fascination. Belle leçon d’apprentissage des méandres de l’amour filial pudiquement contée, sur fond de réalisme social. L’illustration est pour beaucoup dans la réussite de cet album : les portraits burinés des mineurs-pirates, la mise en page façon BD, le traitement graphique du texte et la force évocatrice des décors rythment le récit dont ils soulignent l’émotion.