Monsieur le Commandant

Dans les années trente, un homme de lettres et académicien honorablement connu, bon catholique et bon père de famille, brûle paradoxalement d’un amour fou et inavouable pour sa belle-fille, dont il a découvert les origines juives. Survient la guerre…

Scénariste, photographe, auteur de BD et d’ouvrages pour la jeunesse, Slocombe a plus d’une facette. Il est ici au mieux de sa forme. Dans ce roman épistolaire très noir, à l’écriture très travaillée, il fait revivre de façon intense des années peu glorieuses de notre pays. Son héros, figé dans ses certitudes d’homme de droite, farouchement antisémite et anticommuniste, pétainiste convaincu, incarne à lui seul les vieux démons de cette période trouble et ambiguë. À travers la longue lettre qu’il écrit à un officier allemand – tout à la fois confession et dénonciation – on découvre, dans une tension grandissante, un homme à la psychologie complexe, infâme mais parfois émouvant, esclave de ses sens et de ses convictions. Une documentation historique étayée et une prose implacable et glaçante concourent à la réussite de ce portrait d’un parfait salaud.