À Châteauroux, dans les années 1980, le couple Loriot reçoit chaque dimanche ses enfants selon un protocole immuable où le gigot flageolets n’est que l’un des nombreux rituels imposés par le patriarche. Celui-ci régit la vie de sa femme, de ses filles et petites-filles, avec une autorité qui ne souffre aucune contradiction. Seule la plus jeune des filles a su échapper à ce carcan. Monsieur note, répertorie, classe, archive et compte : rien n’est laissé au hasard. Une lettre venue d’Amérique ravive un amour de jeunesse, bousculant sa vie et celle de ses proches : il disparaît. Dans un style vivant, Clélia Anfray (Le coursier de Valenciennes, NB novembre 2012) dresse le portrait d’une famille enlisée dans le conformisme. Elle rend bien l’atmosphère étouffante, l’emploi du temps immuable et les journées rythmées par les séries américaines, dans des années quatre-vingt bien reconstituées, depuis les programmes télévisés jusqu’au minitel. La seconde partie du récit perd de son intérêt et l’ensemble est plutôt décousu. La psychologie des personnages est tracée à gros traits. Cette bonne idée, la fuite d’un homme à la recherche de son passé, aurait mérité un meilleur développement.
Monsieur Loriot
ANFRAY Clélia