Installé à Montecristi, en République dominicaine, un Français, écrivain quitté par l’inspiration, observe avec tristesse et bienveillance la réalité sordide du pays. Il évoque sa liaison avec un homme, se remémore son enfance en Algérie, s’occupe quelques temps d’un petit cireur de chaussures, gravement malade. En des phrases refusant de s’achever, sinueuses et parfois digressives, surgissent la misère, l’amour tarifé pour survivre – décrit dans Les dollars des sables (N.B. fév. 2006) -, le travail dur et mal payé, les tentatives pour fuir l’île, alors que les Haïtiens, encore plus misérables, traversent la frontière clandestinement pour venir en République dominicaine. Émergent des vies incertaines et chaotiques, aux maigres espoirs souvent déçus, accablées en sus par la chaleur, les nuages de moustiques affamés, et rongées par les irradiations issues de déchets toxiques ayant contaminé la baie. Il règne une atmosphère sombre et désespérée, embellie par l’écriture sensuelle, évocatrice et envoûtante. Mais la narration, volontiers allusive, entretient une certaine confusion.
M.D. et C.G.