Moronga

CASTELLANOS MOYA Horacio

José, réfugié salvadorien, mène une vie apparemment banale mais secrètement active dans le Midwest : il est chauffeur de bus, de taxi, surveillant en tout genre… Erasmo, professeur d’espagnol, terriblement paranoïaque et obsédé sexuel – explication de sa naïveté récurrente et désarmante ? –, enquête sur l’assassinat du poète Roque Dalton en 1975. Ces deux anciens guérilleros ne se sont jamais rencontrés pendant la guerre civile (1979-1992), mais leurs chemins vont maintenant se croiser à Chicago.  

Horacio Castellanos Moya – auteur salvadorien – (Le rêve du retour, NB octobre 2015) propose une fiction autour d’anciens combattants clandestins aux personnalités bien différentes. Il leur donne successivement la parole et partage le roman en deux parties aux styles totalement opposés : des scènes brèves et bien enlevées d’abord, très dialoguées, avec José, puis un long monologue presque halluciné, sans respiration, avec Erasmo, le tout conclu par un froid rapport de police qui donne sens à l’ensemble. Sur fond de violence, le moralisme américain de façade et la hantise autant que la prégnance de toute forme de surveillance sont bien décrits, souvent avec humour. Mais trop de détails triviaux et un vocabulaire cru peuvent lasser et, comme dans tout roman d’espionnage, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver.  (L.D. et M.-C.A.)