Simon arrive des Ătats-Unis Ă Moscou en 1961 pour remanier le manuscrit de son frĂšre Frank, relatant sa vie dâespion. Les frĂšres Weeks, autrefois trĂšs proches, ne se sont pas vus depuis douze ans. Frank, communiste convaincu, est passĂ© Ă lâEst aprĂšs avoir utilisĂ© et « grillĂ© » son cadet, alors aux Affaires Ă©trangĂšres. Simon, devenu Ă©diteur, soupçonne vite son aĂźnĂ© dâavoir utilisĂ© ce livre comme prĂ©texte pour le manipuler Ă nouveau.  Ce thriller de Joseph Kanon (Le passager dâIstanbul, NB dĂ©cembre 2014) se double dâune Ă©tude de moeurs. Lâintrigue, riche en rebondissements, est habilement construite. Les deux frĂšres, mĂ©fiants, ne dĂ©voilent pas toutes leurs intentions secrĂštes et les plans minutieux nâĂ©vitent pas lâimprĂ©visible. Lâanalyse du microcosme des transfuges et lâĂ©tude des caractĂšres sont remarquables. Le cadet, dont on suit le cheminement, sensible, intelligent, dâabord candide et dĂ©sarçonnĂ© par lâURSS, tente de percer lâopacitĂ© de son aĂźnĂ© quâil continue Ă admirer. Celui-ci, membre du KGB, simule par nĂ©cessitĂ© avec aisance. Le rĂ©gime soviĂ©tique en toile de fond, son atmosphĂšre oppressante font du mensonge, voire du crime, une deuxiĂšme nature. Mais lâOccident, incarnĂ© officiellement par la CIA et les journalistes, poursuit tout aussi cyniquement ses intĂ©rĂȘts. Un roman subtil et passionnant.
Moscou 61
KANON Joseph