Mouloud Feraoun

LENZINI José

Mouloud Feraoun, premier garçon d’une famille berbère pauvre et illettrée, est né en 1913 dans un village des montagnes kabyles. Poussé par son père, contraint de s’exiler pour travailler, il réussit à l’école et devient un instituteur exemplaire. Il fonde aussi une nombreuse famille et écrit en français des livres largement autobiographiques. Il se lie avec Roblès, Camus, et rédige, durant la guerre d’indépendance, un journal témoignant de son refus de la violence, qu’elle vienne de la France à laquelle il s’estime redevable sur le plan culturel, ou des rebelles dont il partage les aspirations. Malgré sa volonté de conciliation, il est lâchement assassiné en 1962… Cette première biographie écrite par José Lenzini, spécialiste de l’Algérie (La princesse des sables, NB janvier 2008), présente un triple intérêt. Celui de réhabiliter un humaniste musulman, travailleur acharné, dévoué, tolérant, auquel les deux camps ont reproché sa distanciation. De faire connaître un écrivain dont l’oeuvre, au confluent de deux cultures, est fondatrice du roman algérien. Enfin de revisiter, par les yeux d’un « indigène », la situation sociale inégalitaire au Maghreb avant la décolonisation, et l’histoire d’un conflit traumatisant pour les deux pays. Un livre un peu long mais très intéressant.