En arrivant à Versailles, au soir du 5 janvier 1757, le roi Louis XV fut légèrement blessé par un certain François Damiens. Immédiatement arrêté, l’homme fut torturé pour livrer le nom de ses complices ; il n’en avait pas. Condamné à mort, il subit l’abominable supplice des régicides. Cet attentat souleva une grande émotion et donna lieu à de minutieuses enquêtes de police. Le Parlement obtint que le procès lui soit confié, alors qu’il n’était pas de son ressort. En pleine querelle janséniste, on voulut faire croire au complot et certaines pièces furent manipulées.
Au-delà de l’histoire de ce pauvre homme, Marion Sigaut, historienne, imagine qu’Emmanuel de Croÿ, chargé de l’enquête à l’époque, raconte l’affaire à son fils. Elle propose une plongée très documentée dans la vie du peuple de Paris, qui se révolta à plusieurs reprises malgré son amour pour le Bien-Aimé. Misère générale, trafics des agioteurs, enlèvements d’enfants, brutalités policières, libertinage des grands seigneurs et même du Roi expliquent cette colère. Cette analyse est de loin la partie la plus intéressante du livre. Les détails de l’enquête, tirés des archives de la famille de Croÿ, sont en revanche un peu embrouillés et le récit du supplice particulièrement éprouvant.