Okinawa, mars 1945. À quatorze ans, Shinichi Higa est heureux et fier d’être enrôlé dans l’unité “Fer et Sang pour l’Empereur” de son école, pour participer à la défense de son île contre l’invasion ennemie. Affecté au transfert sanitaire des soldat blessés, il s’agace vite d’être tenu à l’écart des combats. Décidé à donner sa vie pour le pays, il aspire à une mort héroïque et envie le sacrifice des troupes de choc envoyées au contact. La mort et l’enfance sont des thèmes récurrents dans l’oeuvre de l’écrivain japonais (L’Arc-en-ciel blanc, NB mai 2012). Son petit héros obstiné, plongé dans l’horreur d’un chaos guerrier insoutenable, inspire pitié et admiration. Le code d’honneur militaire nippon accentue la dimension tragique et inéluctable de ses déambulations aux portes de la mort, dans la pluie, la boue, la vermine. On entend avec lui le souffle des lance-flammes, le cliquetis des chenilles des chars, l’explosion des bombes humaines, les gémissements des blessés. L’écriture, belle et simple, contraste avec le réalisme des descriptions et souligne la gradation de la perte de l’innocence et de toute compassion. Seuls le vol d’une libellule ou le vert d’une rizière apportent une brève touche de lumière à ce roman beau et sombre.
Mourir pour la patrie : Shinichi Higa, soldat de deuxième classe de l’armée impériale
YOSHIMURA Akira