Pour elles, c’est l’Europe à tout prix : Chochana, Nigériane juive ; Semhar, Erythréenne chrétienne ; Dima, Syrienne musulmane. Elles fuient la guerre, certaines la misère et l’absence d’avenir. Trois femmes aux trajectoires différentes, qui les font aboutir à Tripoli dans les mains des passeurs, où un rafiot de fortune doit les mener à bon port. Mais après avoir subi quels calvaires… Il y a des sujets que l’on préfèrerait ne pas connaître en détails. Mur Méditerranée est de ceux-là. On participe de l’intérieur à la vie des villages de l’Afrique d’aujourd’hui, on espère et on souffre avec ces gens ballottés d’un camion à l’autre, d’un hangar à l’autre, sortes de mini-camps de concentration. Les humiliations, les coups, les punitions, les vols, les viols, les assassinats… Rien ne nous est épargné. Le monde doit savoir… Certes, il s’agit d’un roman où l’amitié réchauffe le coeur. Certes, l’humanité de la bourgeoise syrienne bouscule notre confort intellectuel. Mais malgré une écriture qui cherche la chaleur, l’auteur (Avant que les ombres s’effacent, NB avril 2017) nous jette dans l’horreur glaçante de l’immigration et de l’exil. Sans ménagement. (C.Go. et C.R.P.)
Mur Méditerranée
DALEMBERT Louis-Philippe