D’origine kabyle, exilée en France dont elle possède la nationalité, la narratrice, que de nombreux points d’identité permettent d’assimiler à l’auteur, exprime en une courte mais déchirante complainte ce qu’est son existence de « Musulman ». Fille d’un harki, dont le suicide par désespérance de se sentir inadapté à chacune des deux communautés antagonistes de la guerre d’Algérie est décrit dans Moze (N.B. déc. 2003), elle raconte ses contradictions, ses hantises de femme sans équilibre. Religion, études, langues (inadéquation à un environnement qui la rejette, des deux côtés de la Méditerranée) sont une source de cauchemars, d’incommunicabilité, d’enfermement psychique et physique.
Le style, imagé, elliptique, plus évocateur que narratif, renforce l’impression de déséquilibre entre ce qu’éprouve la narratrice et ce que veut lui imposer son entourage.