Deux textes atypiques et singuliers du prix Nobel de littĂ©rature 2008 (TempĂȘtes : deux novellas, NB mai 2014) sont repris dans ce bref recueil de poĂ©sie en prose. Le premier (1973) peut se lire comme une longue rĂ©flexion sur la vue et le regard. Regard glacĂ© se fermant lentement sur une lumiĂšre dĂ©clinante, sombre mĂ©taphore du soir (ou de lâagonie) que prolonge une nuit aveugle (ou lâhiver, ou la mort). Puis, au terme dâun long frĂ©missement, lâoeil semble Ă nouveau sâouvrir, dans une progression hallucinĂ©e et cosmique qui permet dâentrer en communion avec lâunivers. Le second texte (1978) est un commentaire admirable et fusionnel de lâĂ©tonnant « Iniji » (1973) dâHenri Michaux, insĂ©rĂ© ici pour la circonstance. Le ClĂ©zio, dans ce « poĂšme du poĂšme » voyage dans « lâĂden borĂ©al » oĂč les mots appartiennent Ă une langue primitive et oĂč surgissent ces dieux nordiques « hauts et blancs qui nâattendent personne ». Une Ă©criture Ă©blouissante, inclassable, une lecture enthousiasmante ou irritante selon que lâon y adhĂšre ou non.
Mydriase suivi de Vers les icebergs
LE CLĂZIO J.M.G.