Françoise Vergès, Réunionnaise, petite-fille d’un ancien compagnon d’Aimé Césaire, rend compte des entretiens que lui accorda, en 2004, le poète, célèbre inventeur de la “négritude”. Le patriarche de quatre-vingt-douze ans rappelle ses engagements communistes de jeunesse, sa rencontre avec Léopold Sedar Senghor. Sans renier ses combats passés (comme le véhément rejet de “l’assimilation” jugée “impossible et néfaste”), il les regarde avec une distance qui leur retire tout sectarisme. Cependant subsiste en lui la certitude que les descendants d’esclaves sont en droit d’exiger la reconnaissance des erreurs des Blancs et leur aide en dédommagement des abus passés.
Françoise Vergès, auteure de plusieurs ouvrages sur la colonisation, examine dans une postface très longue et très documentée, étayée par des textes de lois et des interventions de personnalités politiques, les innombrables difficultés d’une décolonisation. Obtenue de haute lutte, elle a souvent engendré des conflits sanglants sans réconcilier les points de vue opposés ni tenir compte des échanges fructueux entre les deux parties.