Poète reconnu dans son pays, Ka revient en Turquie après douze ans d’exil politique en Allemagne. Il rejoint Kars, petite ville politique de l’Anatolie, où plusieurs jeunes filles portant le voile se sont donné la mort. La neige tombe sans discontinuer, dissimulant les ruines des églises arméniennes et la pauvreté des baraques qui jouxtent les bâtiments russes dévastés. Tandis que les élections municipales se préparent dans une atmosphère chaotique, Ka visite les familles des suicidées et rencontre d’anciens amis dont certains sont devenus des islamistes radicaux. Mais, tout à son inspiration créatrice soudainement retrouvée et à son amour pour Ipek, il ne mesure pas la gravité des événements…
Après avoir interrogé le rapport à l’Occident au XVIe siècle dans Mon nom est rouge (NB décembre 2001), Orhan Pamuk explore les résistances et les contradictions de la Turquie contemporaine livrée aux influences extérieures. À travers l’histoire d’un poète aussi exalté qu’indécis, il aborde le problème de l’islam politique dans un roman dense, foisonnant, où la légèreté côtoie le réalisme le plus noir.