Nell’acqua.

Mattotti déroule son propre Cantique des Cantiques  tout au long des soixante-quinze pages de cet album luxueux. L’histoire est simple : un couple, dont on ignore tout en dehors de cette rencontre, nage dans une eau accueillante. Le monde alentour n’existe qu’à titre de décor à peine ébauché, les visages ne sont pas reconnaissables, seuls les corps évoluent et s’étreignent dans ce liquide bienfaisant. Les harmonies de couleurs se modifient au rythme des postures de ces deux êtres enlacés, pudiques et parfois, malheureusement, sans grâce ; le style graphique semble suivre les émotions et sentiments du couple : partant de la douceur du pastel, le dessin emprunte un crayon de plus en plus noir, puis une plume à l’encre rouge puis bleue, tourbillonnante et enchevêtrée. D’autres fois, pinceaux, plumes et crayons s’unissent dans de nouvelles harmonies de couleurs, se mélangeant dans une confusion grandissante à l’image d’une passion envahissante et désordonnée. La rencontre a duré huit jours, offrant à l’auteur un grand exercice de style au graphisme maîtrisé et un album original décliné comme un hymne à la passion charnelle.