Depuis plusieurs jours la région new-yorkaise est inexplicablement paralysée : plus d’eau ni d’électricité ; le ravitaillement devient difficile ; on n’entend plus d’oiseaux. Un homme vieillissant et handicapé est bloqué au vingt-et-unième étage de son immeuble de Coney Island. Suisse d’origine, fortuné, sans attaches, il vient de quitter l’Europe pour retrouver Bijou, la fille de Nina qui fut son grand amour malheureux. Désoeuvré, entre les rares visites de Bijou, il médite et déroule pour lui-même le fil de sa vie. Prix Goncourt de la nouvelle avec Tout passe (NB juin 2011), l’écrivain et traducteur suisse Bernard Comment revient au roman. Il enchaîne de brefs chapitres au rythme des vagabondages de l’esprit du narrateur. Les époques se chevauchent, dévoilant progressivement – mais jamais totalement – la nature de l’attachement qui lie l’homme tourné vers le passé à la jeune femme libérée. L’origine du black-out total qui enferme et isole les personnages n’est pas complètement révélée non plus, seulement suggérée. Cette ambiance étrange, arrêtée, subtilement inquiétante, ajoute à la nostalgie douloureuse de l’histoire d’amour fou mal partagé qui est au centre de l’histoire. On peut aussi y lire une prémonition élégante de la fin d’un monde. (T.R. et L.D.)
Neptune Avenue
COMMENT Bernard