Nestor rend les armes

Nestor est obèse, et il s’est entouré de murs imaginaires infranchissables afin de ne pas se laisser atteindre par les émotions. Il a réussi à s’abstraire du monde et n’a plus un seul regard pour les autres. Son corps monstrueusement déformé inspire un dégoût dont il se repaît pour justifier ses rancoeurs. Pourtant, il est un lieu où le « gros père » semble baisser la garde : c’est l’hôpital où il vient chaque jour au chevet de son épouse inconsciente. Une femme médecin devine la brèche, et l’aide à libérer sa parole.

Dans une construction brillante, Clara Dupont-Monod raconte, en fragments incisifs, l’histoire de ce couple argentin exilé en France. Elle révèle peu à peu ce qui a entraîné l’homme dans cet engrenage mortifère. La violence désespérée avec laquelle il s’est exclu de la norme habitait déjà l’héroïne de La Passion selon Juette (NB septembre 2007). Trois « issues » sont proposées pour clore ce roman original, servi par une analyse extrêmement fine des sentiments et une écriture fluide et imagée.