N’être personne

Hôtesse d’accueil dans une entreprise, une jeune femme se trouve enfermée par mégarde à l’intérieur des sanitaires, à la veille d’un week-end, vêtue de son uniforme, sans montre ni téléphone. Stylo à bille et papier hygiénique seront ses compagnons pour occuper ses quarante-huit heures de réclusion et rédiger un journal anarchique, révélateur de ses propres projections.   Résidente à la Villa Médicis en 2014, Gaëlle Obiégly (Mon prochain, NB octobre 2013), chatouille la plume avec talent depuis l’âge de treize ans. Avec un style tendu et nerveux, elle nous convie à un voyage sans objet ni chronologie dans un livre fragmenté, au gré d’une pensée qui se déploie autour des souvenirs. De ces scénarios, qui semblent se construire spontanément, surgissent quelques pépites d’écriture que l’on voudrait surligner : la Beauce et le grand-père magnifique, l’enfance et la jeunesse communiste. À ces bribes se mêlent quelques péripéties sentimentales, des rêves et des considérations sur la vie et la mort, l’amour et l’écriture. Gaëlle Obiégly a sa propre grammaire. Elle se plaît à composer avec son inconscient, se rend disponible aux résonances émotionnelles. Une formulation non conventionnelle qui, en l’absence de fil conducteur, peut gêner et empêcher d’apprécier ce talent. (S.D. et Maje)