SollicitĂ©e par un rĂ©alisateur de films, Camille Laurens Ă©labore avec lui l’adaptation cinĂ©matographique d’un de ses livres. De cet Ă©change de courriels, elle fait un roman, ne nous faisant entendre que sa seule voix. Pour le film, elle imagine un dĂ©cor propice Ă une rencontre et un premier plan : un regard extasiĂ©, sans objet particulier. Mais elle craint de ne pouvoir exprimer sa pensĂ©e par du âcinĂ©maâ. Comment montrer en images, presque sans transition âil aimeâ, âil nâaime plusâ ? MĂȘlant le âjeâ et le âelleâ, lâautobiographie ( ?) et la fiction, elle Ă©crit une histoire dâamour. Son modĂšle : Adolphe de Benjamin Constant ; son propos : analyser les sentiments, les dĂ©cortiquer, presque comme dans un roman policier. Elle brode toujours sur son thĂšme favori : les diffĂ©rentes formes dâamour â sĂ©duction, dĂ©sir, lassitude â, illustrant Ă plaisir « je tâaime, moi non plus », jouant brillamment avec les mots, multipliant les rĂ©fĂ©rences.  Dans un livre dont la forme peut Ă©garer le lecteur pressĂ©, lâauteure une fois encore (Lâamour, roman, NB mai 2003) fait preuve de son Ă©rudition et de son talent.
Ni toi ni moi.
LAURENS Camille