La vie de Nietzche est racontée avec talent à partir d’un scénario de Michel Onfray que Maximilien Le Roy a adapté. De l’enfance dans le cadre religieux familial, jusqu’à la crise de démence puis la prostration du philosophe foudroyé, il évoque la découverte de Schopenhauer, l’amitié puis la brouille avec Wagner, les relations amicales avec le musicien Peter Gast et le philosophe Paul Ree, l’attirance pour Lou Salomé. Malgré un récit souvent elliptique, il en ressort une image exacte de cet homme souffrant, tourmenté et solitaire, à l’apparence discrète et courtoise, et à l’âme incandescente et explosive. Les thèmes principaux de son oeuvre sont effleurés à l’aide de courtes citations, tandis que le conflit qui l’opposait à sa soeur d’esprit borné, et le détournement qu’elle fit de ses écrits, sont exposés brièvement.
L’illustration sobre et originale, traitée en teintes quasi monochromes, multiplie les paysages lumineux du monde méditerranéen, qui alternent avec les planches représentant un homme torturé par sa maladie. Notons la scène d’une construction dramatique remarquable où Nietzsche, bouleversé par un cheval battu, sombre dans une folie définitive. Saluons cette tentative réussie de portrait d’un grand penseur, qui parvient à en donner une image accessible au plus grand nombre, et incite à mieux le connaître.