1984, Nord du Mexique. Jesús, quinze ans, abandonne le collège. Obsédé par sa soeur, il se déchaîne avec une violence extrême contre une jeune fille et se livre à divers trafics autour de la frontière. 2008, Texas. Michelle, ex-étudiante bolivienne, tente d’écrire une BD et se remémore comment elle a abandonné ses études par amour pour Fabián, un universitaire surdoué qui se drogue. Californie, années 1930 : Martín, journalier mexicain misérable et sans papiers, est envoyé dans un hôpital psychiatrique miteux où il peint, hanté par la guerre. Dans ce premier roman traduit en français, très subtilement construit, le Bolivien Edmundo Paz Soldán, universitaire aux États-Unis, s’interroge sur la création en s’inspirant de faits divers réels. Le monologue d’une femme, auteur qui peine à se trouver, s’enchâsse dans les récits à la troisième personne de deux hommes, un serial killer et un peintre génial psychotique. La tension monte jusqu’aux toutes dernières pages où se dévoile enfin ce qui réunit « ces Latino-Américains perdus dans l’immensité des États-Unis ». Misère, violence, folie, racisme, sont au coeur de destins dont l’écrivain tisse alternativement les fils sans aucun pathos mais avec un talent et une limpidité remarquables. Une lecture prenante.
Norte
PAZ SOLDÁN Edmundo