Clovis ou Charlemagne ont été plus germaniques que français, saint Louis a contraint les Juifs à porter un insigne distinctif, Jeanne d’Arc a occulté d’autres héroïnes féminines : voilà les exemples de révisions critiques que l’auteur accumule tout au long des vingt siècles qu’il dépeint, remplaçant des idées reçues par d’autres anecdotiques ou partisanes. Envisageant les événements de façon chronologique et les reprenant ensuite à sa manière, il n’évite pas les répétitions, les longueurs et les digressions. Antiroyaliste et antinationaliste, antireligieux aussi, il est indulgent pour la Terreur et soutient les exclus de façon engagée.
Au lieu des clichés habituels, d’autres plus politiquement corrects ou des simplifications hâtives étoffent cette fresque colorée fort bien documentée, très touffue, parfois illustrée de comparaisons anachroniques. Les points de vue des historiens allemands et anglais apportent un regard positif, contredisant la légende. Plusieurs cartes explicitent le propos. Dommage que la plume alerte de l’auteur n’ait pas su se limiter ou ajouter une note d’humour comme dans La Planète des Saints (NB juin 2007).