En Corse, à Borgu-Serenu, un bébé est découvert dans une décharge par Augustin Bianchi, parachutiste qui s’est reconverti en éboueur lorsqu’il a quitté l’Afrique pour rentrer au pays. Ses hurlements réveillent les riverains. Augustin prend la fuite, devenant ainsi un suspect idéal pour le substitut du procureur. Cependant la police piétine, l’enfant semble venu de nulle part et les amis d’Augustin, qui connaissent sa cachette, le pressent de s’expliquer. Mais sont-ils toujours ses amis ? L’atmosphère s’alourdit avec le meurtre d’un cafetier qui a valeur d’avertissement, mais lancé à qui exactement ? Comme dans Autrefois, Diana (NB janvier 2007) la ville de Borgu-Serenu – on peut y voir Ajaccio – a une présence intense et lourde. Par ailleurs, un narrateur invisible s’adresse à Augustin (serait-ce sa conscience ?) dans une langue rapide, hachée, souvent sans verbe. On est vite séduit par cette écriture drue, elliptique et hyperbolique, qui exprime bien la grande tension de personnages que leurs rêves d’indépendance ont parfois égarés et qui ne savent plus si leur combat était le bon. Mais, et c’est volontaire sans aucun doute, le lecteur n’aura pas la clé des énigmes qui ont servi de point de départ. Il se sent à son tour piégé et frustré.
Nos anges
PREDALI Jean-Baptiste