En réponse à une lettre anonyme évoquant un passé commun, le narrateur se replonge quarante ans en arrière. Sa vie, à l’instar de celle de nombreux enfants parisiens, était rythmée par le patronnage du jeudi, la messe dominicale et les colonies de vacances dans une ferme du Jura sous l’autorité « très bienvaillante » de l’abbé T. C’était aussi l’engagement dans le mouvement associatif pour la jeunesse des Coeurs Vaillants dont il franchit tous les niveaux. Les premières amitiés, les premières amours, les premiers drames aussi : la certitude d’un avenir éternel.
Avec une grande honnêteté, teintée de mélancolie, Jean-Baptiste Harang (Théodore disparaît, NB avril 1998) se penche sur son enfance. Autant de petites madeleines évoquées avec nostalgie, inquiétude parfois. Il explore les strates de sa mémoire avec application et un peu de méfiance. Il y a beaucoup d’élégance dans ce style ciselé même pour évoquer les fantômes et les renoncements. On devine que « le coeur battant » d’aujourd’hui fait les comptes du Coeur Vaillant d’autrefois.