La famille de Sam a été massacrée quand il avait six mois. Élevé par un oncle puis engagé volontaire en novembre 1918, il arrive en France où il est préposé à la pénible tâche de « nettoyer » les champs de bataille. De retour à la Nouvelle-Orléans, il est employé dans un magasin où il assiste, hélas impuissant, à l’enlèvement d’une petite fille. Licencié, il travaille sur un minable bateau-dancing cabotant sur le Mississipi, mais ne pense qu’à retrouver les kidnappeurs. Ses pas le mèneront à nouveau vers la tragédie de son enfance.
D’un hiver glacial et macabre en Argonne à la chaleur suffocante de la Louisiane, cet ouvrage au souffle puissant va bien au-delà du simple scénario dramatique. Tim Gautreaux (Le dernier arbre, NB janvier 2014) fait vivre l’atmosphère du Sud, dans sa misère, sa rudesse et sa violence. Des passages très forts – les moments d’angoisse dans la sombre moiteur des forêts ou l’étonnante singularité des excursions où de pauvres gens endimanchés cherchent à tout oublier dans la danse, la musique et l’alcool – ne peuvent s’oublier. À ces aventures et ces superbes tableaux, s’ajoute la profondeur d’une réflexion sur la culpabilité et la réparation. Un grand roman.