Né en 1935, prix Nobel de littérature en 1994, Ôe Kenzaburô (L’écrivain par lui-même : entretien avec Ozaki Mariko, NB décembre 2014) se considère comme le porte-parole de la jeune génération japonaise en plein désarroi et s’affiche comme défenseur de la démocratie et fervent pacifiste, réclamant en particulier l’abandon des armes nucléaires. Il s’intéresse ici plus particulièrement à l’île d’Okinawa (où les USA entretiennent encore trente et une bases militaires) et à son histoire tragique. Souhaitant que l’île se libère d’un passé trop lourd à porter, l’auteur s’interroge sans cesse sur ce qu’est un Japonais par rapport aux habitants d’Okinawa, tournant et retournant tous les aspects du problème, opposant le « vas-y ! » au « que viens-tu faire ici ? » en une perpétuelle opposition entre attirance et répulsion. Exprimant un sentiment de profonde culpabilité, il n’arrive pas à sortir de son questionnement sur l’identité du Japon et sur la sienne. Dans ce livre très difficile à lire pour un profane, il justifie la réflexion d’amis qui voient « dans [sa] façon d’écrire qui passe et repasse sur les choses… des symptômes paranoïaques ». (J.M.)
Notes d’Okinawa
ÔE Kenzaburô