Photographe sans véritable talent, Pierre mène une existence parisienne terne lorsque le décès de son père l’oblige à partir au Kenya « reconnaître » le corps de cet homme qu’il n’a jamais vu. La mort insolite de ce dernier traduit clairement son voeu d’être inhumé selon la tradition kenyane. Mais l’homme est un Blanc… La difficile quête d’un lieu de sépulture va faire découvrir au fils la vraie vie de ce père qui venait en aide aux plus démunis et logeait à leurs côtés dans un bidonville de Nairobi.Après la Terreur en toile de fond pour Fils unique (N.B. nov. 2006), Stéphane Audeguy tisse une histoire où le berceau de l’humanité, toujours inlassablement fouillé par les archéologues, entre en résonance avec le Kenya d’aujourd’hui, faisant écho aussi à la naissance du pays sous protectorat britannique. Avec ce dernier safari – « voyage » en langue masaï – du mort se dessine un portrait sans concession du pays, où la poésie côtoie la drôlerie, la cruauté la tendresse. La présence à la fois résiduelle et prégnante d’une humanité ancestrale éclaire ce roman certes dense mais néanmoins subtil, servi par une précision et une limpidité d’écriture qui ne se démentent pas.
P.H. et A-M. D.