Evelyne Sullerot avait quinze ans lors de la « débâcle » ; elle a sollicité les souvenirs de soixante-dix survivants, adolescents pendant la période du 10 mai au 11 novembre 1940. Des consignes précises leur étaient données sur les points particuliers à évoquer (voyages, famille, bombardements…) et sur leurs réactions face aux événements importants (arrivée des Allemands, lois antijuives, etc.). Le panel n’est pas sociologiquement représentatif : les garçons et les filles poursuivant des études sont en surnombre.
Deux tiers de l’ouvrage sont consacrés à vingt-cinq témoignages publiés in extenso, frappant d’abord par leurs ressemblances, ce qu’explique en partie la rigidité des instructions données, ensuite par l’attention prêtée aux difficultés de la vie quotidienne. Dans le dernier tiers, Evelyne Sullerot analyse les soixante-dix récits pour tirer un enseignement « des histoires particulières » (cellule familiale, système scolaire, nouveaux apprentissages…). La reprise de passages entiers déjà cités auparavant donne un sentiment de répétition, voire de confusion. Toutefois, l’effort de mémoire collective est à saluer..