Au lycée, à Genève, Sarah est très populaire. Elle s’enivre de littérature et de musique pop. Elle vit dans un rêve où tout est démesure : elle sera la plus grande actrice du monde. Jean est ébloui, amoureux fou de cette fille qui lui apporte aussi la douceur et le silence. Née à Berlin, elle a vécu la chute du mur, la joie de son père, la nostalgie de sa mère pour l’époque de leur vie à l’Est. De son côté, Sarah s’évade de la réalité que les adultes semblent si bien maîtriser. Jean est prêt à la rejoindre dans son monde, mais elle est hospitalisée, enfermée pour trois mois et les rumeurs courent : les médecins parlent de névrose, les autres disent qu’elle est folle. Elle ne mange plus, c’est une maladie. Un récit subtil, comme une incantation à la vie, à l’amour, à la liberté dans une démarche déconnectée de la réalité et autodestructrice. Des ados qui croient être durs, selon les rites de leur époque et, parmi eux Jean, le narrateur, qui déclare : « Sarah m’empêchait de m’enfoncer dans la terre et moi je ne lui permettais pas de s’envoler trop haut ». L’écriture forte, imagée, passionnée, souvent belle, reste pudique pour faire entrer le lecteur dans la gravité du sujet, soutenue par un souffle romanesque.
Nous étions des passe-muraille
SCIARINI Jean-Noël