Ils sont dix pensionnaires à décider, une nuit, de se faire la belle pour partir explorer l’île. Ils sont enthousiastes, un peu bravaches, unis et inséparables ! Mais l’un après l’autre, les enfants s’éclipsent et repartent pour retrouver le confort du gîte, fuir les ombres et les bruits nocturnes, ou par scrupule d’avoir enfreint les règles. Silhouettes esquissées tels les croquis préparatoires d’un couturier, ces fantômes sans visage effectuent un parcours onirique. La fin surprend ; on suppose que la narratrice doit affronter le silence d’une maison endormie pour un besoin naturel et laisse vagabonder son imagination. La ritournelle du compte à rebours débute dans une farouche détermination, qui diminue au fil des défections. La bravoure fait place au doute, à la tentation de se rassurer avant de sentir l’inquiétude, puis la peur l’envahir. La mise en page alternée de plans tronqués ou longilignes permet au texte de valoriser les mots et le déclin des chiffres. L’illustration joue sur les contrastes ombre et lumière pour créer une atmosphère un brin anxiogène. (M.-C.D.)
Nous étions dix
ANTICO Nine