Avant 1939, la politique antisémite allemande se traduisit par le boycott des commerces juifs (1933), les lois d’exclusion de Nuremberg (1935), les massacres de « la nuit de cristal » et une exclusion économique renforcée (1938). À partir de la guerre contre l’Union soviétique (1941), le régime nazi proscrivit « l’ennemi juif » de l’intérieur (étoile jaune) puis entreprit de « l’éradiquer »(Conférence de Wannsee, « Solution finale »). Face à ces événements, et jusqu’en 1945, quelle fut la réaction de la population allemande sur la lutte antisémite conditionnant la victoire, disait Goebbels, et que savait-elle de la Solution finale ?
Dans une longue analyse, étayée par cent quarante pages de notes justificatives (!), l’auteur estime que l’Allemagne aurait été partagée entre une minorité nazie approbatrice et une majorité réticente ou indifférente. Quant à la réalité du génocide juif, elle aurait été connue progressivement, à partir de 1942. Cette recherche approfondie d’un professeur à l’université de Londres aboutit à la conclusion lénifiante que dans un contexte de peur et de dictature totalitaire, entre rumeurs et demi-vérités, la population allemande tenta d’échapper à toute responsabilité en se réfugiant dans une « ignorance ostentatoire ».