Nu dans le jardin d’Éden

CREWS Harry

Garden Hills, Floride, États-Unis, est une ville fantôme qui vit dans l’ombre jaunâtre du phosphate jadis extrait sur place… Mais le père fondateur a fermé boutique, et seules douze familles survivent médiocrement sur place. Un jeune obèse, héritier obsédé par son poids, règne vaguement sur les lieux, aidé d’un jockey raté vêtu de soie. La belle Dolly, fille du coin, veut ressusciter la ville en en faisant un lieu touristique sur le passage de l’autoroute voisine. Connu aux États-Unis pour ses romans noirs ou même « gothiques », mettant en scène paumés ou exclus (Body, NB février 1995), Harry Crews (1935-2012) a écrit seize romans. De son propre aveu, il considérait celui-ci comme son chef-d’oeuvre. Que penser aujourd’hui de cette lecture déroutante ? Faut-il voir dans ce roman cultivant l’absurde et l’étrangeté des personnages une allégorie du jardin d’Éden, une fable sur la condition humaine, sur le contraste entre l’apparence des êtres et des lieux et la réalité ? La progression est lente, parfois pénible, faite de descriptions minutieuses. Pourquoi ne pas l’avouer, on se perd en conjectures et… on finit par s’ennuyer malgré le caractère rocambolesque et parfois drôle de l’histoire.