Rio. Un clochard unijambiste, vacillant sur des béquilles en haut d’une rue escarpée, est abattu de nuit sous une pluie torrentielle d’une balle en plein coeur. Un mort sans nom, un crime sans arme, sans témoin, sans mobile. Redoutable dans ses interrogatoires dits informels, le commissaire Espinosa resserre la pression autour de quelques suspects, allant de vagues supputations en découvertes troublantes lors d’un second meurtre, commis sur une personne impliquée dans l’affaire. Étudier comment se développe une paranoïa autour d’un traumatisme de l’enfance c’est un peu ce que fait Garcia-Roza, philosophe et psychologue brésilien, auteur de L’étrange cas du docteur Nesse (NB juillet-août 2010). Pas à pas, il installe chez son principal suspect un état de panique, habilement exploité par un commissaire droit et mesuré, mais apte à déstabiliser toute personne vulnérable. Avec pour décor les quartiers de Copacabana et d’Ipanema, le suspense se développe au rythme des interrogations de ce flic enclin aux longues réflexions. Très descriptif, le style stimule l’imagination, et l’atmosphère particulière qui se dégage de l’histoire maintient le lecteur en attente permanente jusqu’à une fin assez abrupte, sorte de signature de l’auteur, qui tranche avec le tempo lent adopté jusqu’alors.(Maje et A.Le.)
Nuit d’orage à Copacabana
GARCIA-ROZA Luis Alfredo