Affectée par la mort de son grand-père, et les constantes disputes et absences de ses parents, la petite fille est bien seule, et ne parvient pas à communiquer avec les enfants de son âge, dont elle est un peu le souffre-douleur. Dans l’immeuble voisin vient de s’installer un garçon, aussi solitaire qu’elle. Elle l’observe, entre en contact avec lui à l’école. Peu à peu les deux enfants s’attachent l’un à l’autre ; ils s’évadent un jour vers la montagne et retournent dans la maison du grand-père…
Dans une approche sensible, presque sensitive, l’histoire évoque des enfants ballotés par la vie, en difficulté relationnelle. L’approche psychologique entremêle le réalisme parfois cruel des scènes quotidiennes à la maison ou à l’école et une approche plus surréaliste de l’environnement des personnages. Les allusions évidentes à la peinture de Magritte et de Van Gogh s’accompagnent d’autres, moins « lisibles », à l’art d’Anthony Browne. Elles contribuent à faire de cet album une exploration psychologique en profondeur des sentiments et des manques éprouvés par des enfants livrés à eux-mêmes dans un univers adulte qui les ignore et les condamne à la solitude. Ce très bel album ne sera cependant pas à la portée de tous les questionnements des enfants ou adolescents, s’il ne bénéficie pas de la médiation d’un adulte. (M.T.)