1992. Colona, cinquantenaire, traducteur et modeste journaliste, est recruté avec six autres, comme lui fauchés et frustrés, pour créer un quotidien d’un genre spécial : il s’agira non d’informations sérieuses mais d’enquêtes bidon, d’insinuations et de calomnies, de pseudo révélations, bref d’un instrument de chantage au service d’un « Commandeur », homme d’affaires « berlusconien ». Le groupe travaille au Numéro zéro jusqu’au jour où le plus délirant d’entre eux est assassiné. À cause du passé ou du présent ? Dans ce court roman, Umberto Eco (Construire l’ennemi et autres romans occasionnels, NB juin 2014) se livre à un salutaire combat contre un certain journalisme. C’est une démonstration par l’absurde de ce qu’il ne faut pas faire, des risques de la désinformation et de l’obsession du complot. On peut toujours reconstruire le passé, surtout quand on méprise les lecteurs considérés comme des demeurés. Et finalement, si le faux était vrai ? Narration serrée, passages savoureux comme le démenti de démentis, visites dans des lieux rocambolesques milanais, portraits de gentils perdants ou de paranoïaques grotesques… L’auteur qui met en garde contre les manipulations dans un monde sans culture découvre-t-il les dérives de la presse ? Mais la charge est toujours bienvenue ! (B.T. et M.Bo.)
Numéro zéro
ECO Umberto