Se penchant sur son passé au cours de croisières en Méditerranée et au Cap Nord, une femme analyse sa solitude reconquise après un traumatisme amoureux. En référence à Lacan, à Roland Barthes et à Proust, elle se considère désormais libérée de l’amour et de ses contraintes. Une longue introspection la ramène dans son enfance à Budapest et en Finlande où les errances de son père diplomate la laissaient seule avec des gouvernantes censées l’éduquer. Elle l’entraîne, aussi, sur les traces du naturaliste argentin, Hudson, en Patagonie où « la solitude rejoint la vastitude ».
La narratrice accomplit ainsi un tour d’horizon sans doute autobiographique sur le vécu d’une solitude, oscillant entre clôture et ouverture illimitée, dans un égocentrisme teinté de cynisme, non sans être consciente du risque d’acédie d’un tel comportement, mais, se réfugiant dans les fondamentaux que constituent la lecture, l’écriture et leurs liens. Un style éblouissant enrichit tant la description des sites que l’expression des idées. Mais, curieusement, le livre de cette psychanalyste (La vie parfaite : Jeanne Guyon, Simone Weil, Etty Hillesum, NB octobre 2006) glisse, in fine, dans une discussion de spécialistes peu accessibles au commun des mortels et s’interrompt abruptement sans conclusion.