Oaristys

L’amante, émerveillée, célèbre son amant, célèbre leur amour en termes toujours renouvelés, explorant le désir et le mystère de l’autre. Il est là, près d’elle, elle l’étreint, lui parle. Elle lui rappelle la longue histoire des sexes, l’homme et sa virilité puérile, la violence obligatoire, la femme assujettie : tout ce qui crée les sociétés belliqueuses et meurtrières. Les femmes, elles, donnent la vie et la préservent. Reconnaître l’altérité, renoncer à la soif de domination et de possession apaiseraient et renouvelleraient la vie tout entière.  Dans la poésie grecque, Oaristys : échanges entre deux amants. Ici, dans les bras de l’aimé, seule parle Emmanuelle Rousset (L’idéal chaviré, NB octobre 2000), poète et philosophe. Les mots sont choisis, souvent rares ou érudits, les comparaisons singulières, les images, les évocations saisissantes : la bouleversante faiblesse du nouveau-né ou la merveille d’un sourire illuminent une page. L’éternel problème du rapport des sexes, l’histoire des comportements conditionnés par le mythe de la supériorité masculine forment la trame du récit poétique, maniéré parfois, souvent éblouissant. L’ironie, la tendresse alternent, se mêlent, avec des recours à la philosophie, à la culture classique… Cet essai difficile étonne par l’originalité de la voix et la portée de l’analyse.  (M.W. et A.K.)