Oiseaux de passage

ARAMBURU Fernando

Madrilène cinquantenaire, Toni décide de se suicider dans un an, en juillet 2019, le temps de mettre en ordre ses affaires et de sonder ses motifs. Sa mère chérie a la maladie d’Alzheimer, il déteste son cadet, il a divorcé de la belle Amalia qu’il aimait, son fils l’a déçu, et son métier de professeur de philosophie dans un lycée lui pèse. Ne lui restent que son chien, un seul ami qui a lui aussi des idées noires, et une femme quittée autrefois.

Le roman de Fernando Aramburu (Les années lentes, Les Notes avril 2014) se présente sous la forme d’un journal mensuel où s’épanche le narrateur misanthrope. Sans chronologie s’entremêlent les souvenirs d’enfance, le récit de sa vie conjugale houleuse et son douloureux divorce, son quotidien solitaire. Seules distractions, les conversations avec son vieil ami enclin à la dérision, les moments passés avec une ex-fiancée envahissante, et ses rencontres désopilantes avec son fils. En jaillissent des portraits incisifs, des réflexions critiques sur l’amitié, l’amour, la haine et la mort. Assailli de messages anonymes mystérieux, fasciné par les martinets migrateurs, l’auteur promène un regard lucide et désabusé sur le monde. Avec distance, il évoque la vie politique espagnole. Quant à l’issue de l’histoire, le suspense est total jusqu’à la dernière page. Un roman peut-être trop long, mais original et riche, truffé de passages savoureux grâce à l’ironie féroce de l’auteur. (L.G. et M.Bo.)