Ombre chinoise

LING HĂ©lĂšne

Alors qu’à Paris sa mĂšre, atteinte d’Alzheimer, mĂ©lange les mots français au chinois puis au gazouillis, HĂ©lĂšne, aprĂšs avoir longtemps dĂ©daignĂ© ses origines asiatiques, ressent le besoin de les retrouver. Elle retrace son enfance et la vie de ses parents Ă©migrĂ©s de TaĂŻwan alors qu’elle avait cinq ans. Un scĂ©nariste parisien se voit, lui, imposer par un producteur chinois louche de transformer son projet de film en western. ParallĂšlement, au milieu du XIXe siĂšcle amĂ©ricain, une Cherokee fait partie du convoi d’Indiens expropriĂ©s et chassĂ©s vers l’Ouest dans des conditions misĂ©rables, pour finir exhibĂ©s dans le spectacle de Buffalo Bill.   Dans son troisiĂšme roman, HĂ©lĂšne Ling (Repentirs, NB mai 2011) mĂȘle ses souvenirs autobiographiques Ă  un western imaginaire et une esquisse de roman noir. Un mĂȘme dĂ©senchantement dans la quĂȘte d’un Ouest aux rĂȘves impossibles traverse la destinĂ©e si diffĂ©rente de deux femmes qui parviendront pourtant Ă  se trouver. L’auteur alterne, en de courts chapitres, ces trois itinĂ©raires qui nous ballottent d’un Paris actuel Ă  Wounded Knee ou sur la Seine dans une pĂ©niche dangereuse. Le style est riche, les images suggestives, parfois hypnotiques. Un roman de lecture exigeante, mais particuliĂšrement prenant dans son Ă©vocation de l’épopĂ©e tragique indienne.  (C.M. et A.Le.)