Une fillette joue dans ce qui peut être une cave ou un garage. La lumière du plafonnier projette des ombres sur le sol. Avec ses mains, l’enfant fait une forme d’oiseau, qui s’envole. Par ailleurs, l’ombre du balai n’est-elle pas en train de se transformer en fleur géante, celle de l’escabeau en palmier? Celle de la fillette se mue en un louveteau, qui s’autonomise, quittant le côté ombre à la suite de l’oiseau pour venir la surprendre… sauve-qui-peut !
L’album, muet, adopte un format allongé que l’on tient horizontalement. Sur la page du haut, la zone éclairée. Page du bas, les ombres. De fidèles reproductions, ces dernières se transforment progressivement en une jungle animée de sa vie propre, tandis qu’autour de la fillette plongée dans son rêve, les objets disparaissent ; l’imagination prend le pas sur la réalité jusqu’à l’interruption extérieure. Pleins de charme, les dessins sont en noir et gris sous la lumière, tandis que les ombres comme soufflées au pochoir se détachent sur une page blanche qui se teinte progressivement d’un jaune éclatant. Une magnifique célébration de la force créatrice et joyeuse de l’imagination, qui nécessite une observation attentive, voire guidée, pour en saisir toute la richesse.