Chez Claire Castillon, le coeur bat mais l’amour est en liberté conditionnelle. Après les relations mères/filles (Insectes, NB mars 2006), elle décline sur le même mode ravageur, en vingt-trois nouvelles, l’amour chez les gens ordinaires : des petites vies étriquées au monde de l’inceste ; des femmes castratrices aux épouses soumises ; des maris volages aux hommes assujettis. Rien ni personne n’échappe au vitriol de sa plume. Cruels ou émouvants, souvent cocasses, ces épisodes de vie, comme pris sur le vif, ont une résonance particulière et trouvent un écho dans la mémoire. Seule une histoire de rapt d’enfant peut être dérangeante et pourtant, c’est sans doute là que la tendresse est la plus présente. Le rythme est soutenu, le texte d’une forte intensité et la phrase assassine, mais ce qui fascine surtout, chez Claire Castillon, c’est la maîtrise de la chute, chaque fois efficace, toujours impitoyable.
On n’empêche pas un petit coeur d’aimer
CASTILLON Claire