En 1697, Vinius, de père hollandais, secrétaire du tsar Pierre le Grand, accompagne la délégation russe en Europe. Tandis que le monarque veut importer progrès techniques et spécialistes étrangers, Vinius s’émerveille devant les pays traversés – Hollande, Allemagne, Italie –, les villes – Amsterdam, Londres, Vienne, Venise. Fasciné par l’effervescence scientifique du siècle finissant, le bouillonnement des idées, il est ébloui par les palais et les musiques baroques. La rencontre avec un anatomiste fou, passionné d’opéra, l’entraîne dans les vertiges de la connaissance de l’univers. Polonaise – c’est son troisième roman en français –, Maja Brick relate un voyage « épique », l’exploration de savoirs encyclopédiques (domaines artistique, philosophique, géographique, médical). Très érudit, foisonnant, ce récit est aussi une méditation sur les grandes questions de la vie, sur les mystères de la nature, du vivant, du mouvement des astres… En comparant les rouages du cosmos à ceux du théâtre, à ceux du corps humain, l’auteur glisse vers le fantastique, au risque de compliquer son propos. Le style, très classique et touffu, demande une attention soutenue. Distrayante malgré sa densité, l‘évocation de deux destinées et de deux civilisations, l’une grossière, l’autre raffinée, illustre bien l’époque charnière préfigurant les Lumières.
Opéra anatomique
BRICK Maja