Angleterre, début des années soixante-dix. Tout juste diplômée de Cambridge, la belle et sentimentale Serena Frome est recrutée par les services secrets britanniques. Quarante ans plus tard, elle confesse son implication dans le ratage d’une opération mise en place par le MI5 pour infiltrer les milieux intellectuels et favoriser la diffusion d’idées anticommunistes. Sa mission ? Faire accepter une bourse substantielle à Tom Haley, un jeune écrivain prometteur, tout en lui cachant la véritable origine des fonds. Les difficultés commencent lorsqu’ils tombent amoureux. Que cache cette histoire d’amour et d’espionnage émouvante mais plutôt sage ? Ian McEwan aurait-il perdu sa patte féroce (Solaire, NB mai 2011), son sadisme narratif ? Non, bien sûr. Pour preuve, l’élégance perverse de la construction de ce roman sur le plaisir décuplé par la trahison. Le retournement final recolore tout ce qui précède. La confession de l’héroïne sert de camouflage à des réflexions ambivalentes sur la liberté culturelle, l’indépendance artistique et les interactions entre la réalité et la fiction. Les nouvelles écrites par Tom sont analysées et intégrées au récit de l’espionne : on y retrouve avec jubilation le goût du porte-à-faux et de l’ambiguïté caractéristiques du romancier.
Opération Sweet Tooth
McEWAN Ian