Dans un futur indéterminé mais peut-être proche, le narrateur raconte ses souvenirs. Il a été collaborateur de l’association Léthé, « leader mondial sur le marché de l’euthanasie », qui propose le suicide assisté à ceux qui ne supportent plus la vie, mais n’ont pas le courage de passer à l’acte. Un cas l’a particulièrement perturbé, celui de Fabrice : ce n’était pas l’intéressé, mais son entourage qui était demandeur. Le dossier monté par le patron du Léthé était tendancieux et le narrateur et enquêteur sceptique. Fabrice était certes misanthrope et déprimé, mais de là à avoir vraiment envie de mourir… ?
Sous l’apparence d’une fable au dénouement imprévu, l’auteur dénonce les dérives graves que pourrait engendrer une légalisation laxiste de l’euthanasie. Dans notre société hédoniste et mercantile, la frontière est mince entre le désir de soulager ceux qui n’ont plus envie de vivre, et l’exploitation lucrative de « clients » potentiels, dépressifs, malades, âgés. Des agents motivés en quête de résultats performants, ou déséquilibrés mais charismatiques, pourraient démarcher les plus vulnérables, voire organiser des suicides collectifs. Un premier roman provocant, caricatural et sombre qui a pour mérite de montrer que la mort ne peut faire l’objet d’échanges marchands.