« Pour ma ville qu’ils ont brisée, mon Belgrade, pris en otage par Milosevic, par la mafia des profiteurs de guerre, affamé par l’embargo, coupé du monde et pourtant au coeur du monde, mon Belgrade humilié par les frappes de l’Otan, mon Belgrade rebelle, pêchu, fou, rêveur et combattant… »
L’auteur, une jeune Serbo-croate, livre en dédicace la clé de son roman et de son personnage principal, Tamara, qui est à l’image de cette ville qu’elle a dû quitter et vers laquelle elle retourne en raison d’un héritage. Elle y retrouve Alexandre, son amour de jeunesse, et ses souvenirs la submergent : ses parents séparés, les chimios de sa mère, sa propre anorexie, la guerre enfin et la culpabilité de tout exilé, son déracinement, les violences et exactions commises. Pour accepter la réalité de cette ville qui la hante et reprendre son destin en main, Tamara se doit de vivre à fond cette passion ambiguë avec Alexandre, relation qui se superpose étrangement à ses liens avec sa ville natale, entre amour et haine, toujours sur le fil du rasoir. Heureusement sur sa route se trouvent aussi Marko, Laurent, et Jovan un Rom qui essaie lui aussi d’oublier l’horreur des massacres auxquels il a été confronté. Un roman efficace et condensé aux personnages modernes, réalistes, forts et fragiles à la fois, voire orageux, et très ancrés dans la réalité historique de cette guerre qui a enflammé les Balkans.
S.A. et J.P.