Ă cinquante-deux ans, il dĂ©couvre lâimmense chagrin qui lâhabite aprĂšs avoir perdu lâun aprĂšs lâautre ses parents. Seul recours pour lui : les faire revivre par lâĂ©criture Ă partir de sa mĂ©moire, certes lacunaire, mais porteuse de la prĂ©sence vivante dâun pĂšre taiseux et dâune mĂšre trop discrĂšte. Deux vies trĂšs ordinaires, dans lâEspagne des annĂ©es soixante Ă nos jours.  Manuel Vilas rĂ©dige avec une piĂ©tĂ© filiale qui Ă©meut un texte dans lequel il se propose de restituer la vĂ©ritĂ© des ĂȘtres modestes que furent ses parents, parfaits reprĂ©sentants de la classe moyenne espagnole, menacĂ©s par la pauvretĂ©, comme condamnĂ©s par lâĂ©poque Ă ne jamais pouvoir sâĂ©lever socialement. Le rĂ©cit est construit Ă partir dâune libre association de pensĂ©es, faisant surgir tour Ă tour les figures tant aimĂ©es, mais si mal connues du pĂšre et de la mĂšre. Ce faisant, lâauteur se livre Ă une confession sincĂšre qui nâocculte ni son alcoolisme finalement surmontĂ© ni la difficultĂ© dâĂȘtre Ă©poux, pĂšre et enseignant. La vallĂ©e dâOrdesa en Aragon, nimbĂ©e de la couleur jaune qui rayonne dans toute lâoeuvre, revisitĂ©e par la prose poĂ©tique de lâauteur, devient lâemblĂšme dâexistences arrachĂ©es Ă l’oubli par la magie de lâĂ©criture. (A.K. et L.G.)
Ordesa
VILAS Manuel