L’auteur raconte son enfance et son adolescence dans un récit en deux parties (Dedans Dehors), chacune articulée de façon identique : un chapitre par année de scolarité. Très jeune, l’enfant est atrocement maltraité, injurié par ses parents ; les sévices tournent au sadisme au fil du temps. Il trouve refuge dans son école où la découverte des mots le transporte de bonheur. La musique, les filles et les premiers émois agrémentent ou empoisonnent ses journées. Une erreur d’orientation pourrait décider de son avenir.
Le tapage médiatique qui accompagne Yann Moix et son dernier roman brouille le jugement sur l’authenticité du fond. Romancier prolifique (Rompre, NB avril 2019), il évoque ici les horreurs subies avec force détails. Le malaise est très fort : pourquoi une telle fureur, une telle solitude ? L’ensemble est montré avec le regard de l’adulte. La deuxième partie, moins pesante, retrace une jeunesse provinciale assez commune avec son lot d’humiliations et de passions. André Gide, puis Charles Péguy, Jean-Paul Sartre et Francis Ponge le sauvent, le plongeant dans un autre monde. Avec un orgueil blessé, il raconte ses faiblesses, ses essais malheureux en écriture ou en amours. Le style évite le pathos, mais pas toujours la grandiloquence ni l’affectation, au détriment du sujet. (M.-P.R. et A.Le.)