Orson Welles, l’artiste et son ombre

DAOUDI Youssef

IncarnĂ© sous la forme d’un personnage de thĂ©Ăątre gigantesque, chapeau noir, manteau long, Ă©charpe jaune, et son Ă©ternel cigare Ă  la bouche dont les volutes envoute le dĂ©cor dĂ©pouillĂ©, Orson Welles lui-mĂȘme vient rythmer, Ă©clairer et critiquer sa vie de prodige incompris et contrariĂ©, dans cette biographie singuliĂšre.


Ces sĂ©quences scĂ©niques et dramatiques introduisent et segmentent une narration chronologique : sa jeunesse d’enfant gĂ©nie, choyĂ© par sa mĂšre ;  ses multiples succĂšs thĂ©Ăątraux avant mĂȘme ses 20 ans ; son coup d’éclat radiophonique de la Guerre des Mondes qui lui ouvrit les portes d’Hollywood ; son chef d’oeuvre Citizen Kane qui, malgrĂ© le gĂ©nie et la modernitĂ© exprimĂ©e dans cette oeuvre, marqua le dĂ©but d’une confrontation avec les productions hollywoodiennes ; l’envie insatiable de crĂ©er des oeuvres radicales et exigeantes, cherchant des soutiens financiers qui rechignent Ă  le suivre, et qui l’obligent Ă  “se corrompre” jusque dans des publicitĂ©s ; au final, la vie d’un artiste qui est probablement arrivĂ© trop tĂŽt pour son Ă©poque.


Le dessin en noir et blanc rythmĂ© de jaune est puissant, graphique, dynamique. Les compositions sont variĂ©es apportant de l’énergie dans un livre trĂšs dense. Un contenu riche qui mĂ©rite un minimum de connaissance du personnage et de ses Ɠuvres pour en apprĂ©cier l’histoire, au risque sinon d’ĂȘtre un peu perdu par moment. Il en rĂ©sulte un livre avec du caractĂšre et des aspĂ©ritĂ©s Ă  l’image de son sujet.

(BB)